Ça semble clair mais la frontière n’est pas si franche. Même en coaching, le client amène son passé. Il a souvent déjà compris que ses difficultés découlaient de son histoire : « je sais déjà pourquoi. Dans mon enfance… »
Même en coaching, le passé peut surgir dans l'échange
Mais même lorsque le client n'évoque pas lui-même son passé, il arrive par moment que son comportement trahisse qu'il n'est pas, ici et maintenant, dans l'adulte mais bel et bien repris par ses problématiques d'enfance (colère, larmes…).
De fait, les interventions des coachs stimulent naturellement les liens avec le passé, par exemple :
- si elle attire l'attention sur une tendance perfectionniste (message contraignant « soit parfait » adopté dans l'enfance)
- s'il pointe une croyance limitante (elle devait avoir son importance dans l'enfance)
- si elle questionne une posture qui ne semble pas adaptée à la situation (comme l'enfant soumis ou l'enfant rebelle à l'époque)
C'est ce qui amène de nombreux coachs à se questionner sur la différence entre coaching et thérapie, car ils sont impressionnés par les effets d'une simple question de coach et plus encore par la puissance de certains outils comme ceux de la Programmation Neuro-Linguistique ou de l'Analyse Transactionnelle.
De fait, ces deux modèles, comme tant d'autres auquels le coaching emprunte des outils, ont été développés dans un but thérapeutique. Ceci étant, nous verrons plus loin que ce n'est pas tant l'outil que d'autres éléments qui font la thérapie.
Toujours est-il que de nombreux coachs, découvrant à quel point le surgissement de résonances entre le présent et le passé peuvent libérer des blocages, en nourrissent le désir d’aller plus loin et de se former comme thérapeutes. C'est un autre métier, un beau métier !
Dans le même temps, certains coachés en développent aussi le désir d'aller plus loin et d'entreprendre une psychothérapie. C'est une autre démarche, une belle démarche !
Une deuxième remarque vient nuancer la distinction trop simpliste entre coaching = futur et thérapie = passé. Elle se trouve cette fois du côté de la psychothérapie qui ne se limite bien sûr pas à travailler sur le passé. Le but n'est pas seulement de moins souffrir mais aussi de vivre mieux !
En thérapie aussi on construit le futur !
Cette représentation de la psychothérapie tournée vers le passé est probablement liée à l'influence de la psychanalyse. De fait, il s'agit pour le client de laisser émerger ce qui est enfoui dans son inconscient et d'en faire l'analyse, de comprendre l’influence du passé sur nos pulsions.
Dès l'après-guerre, Fritz Perls, en rébellion contre Freud et ayant fui la vieille Europe, a voulu prendre le contrepied de cette vision déterministe et pessimiste de l'être humain.
Rejoignant les États-Unis, il s'est laissé inspirer par la culture du tout est possible et a créé la Gestalt thérapie, centrée sur la responsabilité de la personne dans l'ici et maintenant. Il confrontait ses clients avec une question récurrente :
Ici et maintenant, qu'est-ce que tu veux pour ta vie ?
Avec le courant humaniste, de nombreux autres modèles thérapeutiques ont été développés par la suite :
- Dans les années 60 : Programmation Neuro Linguistique, Hypnose ericksonienne, Analyse transactionnelle
- Plus récemment : de nombreux modèles de thérapie brève comme la kinésiologie par exemple
La distinction entre coaching et thérapie, ce n'est donc pas tant que ça une différence sur l'axe horizontal du temps. Il est plus intéressant de faire une distinction sur l'axe vertical de la profondeur.
La métaphore de l’arbre permet de s'en faire une idée :
- En coaching, il s'agit de travailler des objectifs concrets, à l'image des fruits de l'arbre.
- En thérapie, l'ambition est de se transformer soi-même, de faire évoluer l'arbre et ses racines pour obtenir de meilleurs fruits
J'accompagne de nombreuses personnes qui vivent l'épreuve du burn-out, des suites d'une perte de sens professionnel, et c'est un exemple qui peut aider à se repérer :
- Quand le burn-out est sévère, il faut du temps. Le choix du coaching est souvent prématuré. Une psychothérapie est souvent nécessaire sans quoi le coaching risque de patiner.
- Inversement, la psychothérapie souvent ne suffit pas. Il y a de tels changements à conduire qu'un coaching est utile pour clarifier les objectifs et les atteindre.
Coaching centré sur les fruits - Thérapie centrée sur l'arbre et ses racines
Après ces distinctions en termes de champ d'exploration (présent futur / passé présent futur) et de focalisation sur ce qui est travaillé (fruits / arbres et ses racines), intéressons-nous au principal moyen qui permet le cheminement : la posture du professionnel.
Une grande différence de posture entre coach et thérapeute
Il y a une très grande différence entre la posture de coach et celle de thérapeute. Avec leur client, ils ne visent pas le même type de relation.
Le coach est très attentif à ne pas influencer sa cliente. Il veille à rester totalement extérieure à son cheminement. Il la stimule par des questions et des expériences. Ce sont elles qui permettent la transformation.
La thérapeute s'implique dans ce que vit son client.
Elle l'accueille et le guide en connaissance des besoins d'un enfant pour le bon développement des compétences relationnelles et de l'estime de soi, des mécanismes d'adaptation face aux difficultés dans l'enfance et des chemins de réparation.
En psychothérapie, on considère que c'est la relation qui est thérapeutique.
Coach en retrait du cheminement qui appartient au client - Thérapeute s'impliquant dans une relation à vocation thérapeutique
Le ou la professionnelle offre à son client une nouvelle chance développementale, en se comportant tantôt en bonne mère qui accueille, rassure, protège, tantôt en bon père qui stimule, confirme ou confronte !
C'est là qu'est la plus grande différence entre coaching et psychothérapie.
Si c'était vous, qu'aimeriez-vous offrir ou vous offrir ?
Parlons-en.
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