Ce ne sera pas le sujet de ce billet. Si vous avez envie de questionner vos croyances sur l'argent, s'il vous semble que ce serait intéressant de voir l'argent plus positivement, c'est une de mes spécialités. J'attends votre appel !
J'ai plutôt envie dans ce billet de vous raconter comment nous adoptons certaines croyances sur l'argent plutôt que d'autres. Comment certains apprendront à se méfier parce que « l'argent pourrit tout ». Comment d'autres répéteront comme refrain « l'argent ne pousse pas sur les arbres ».
Adeline et sa peur d'être volée
Quatre stagiaires entrepreneuses sont là pour oser monter les prix de leurs prestations. Nous commençons par prendre le temps d'explorer leur relation à l'argent.
L'ambiance est légère. Chacune raconte volontiers, avec humour, comment cela se passait à la maison dans son enfance, les expériences, les recommandations.
Adeline en raconte davantage. Elle évoque ses ancêtres qui possédaient de grands biens et qui, au retour de l'exode, n'ont pas retrouvé leur richesse. Envolée.
Tandis que je répète ce qu'elle vient de dire, Adeline est submergée par l'émotion : elle prend conscience que cela s'est sournoisement reproduit dans sa vie, qu'elle s'est déjà fait piller son épargne.
Elle comprend surtout d'où vient sa réticence à gagner de l'argent : elle a hérité, par sa famille, de la peur d'être volée.
Guénaëlle et sa représentation des rôles
Guénaëlle souhaite être accompagnée spécifiquement sur sa relation à l'argent. Elle pressent que cela la réfrène dans la création de son entreprise alors que tout semble prêt.
Elle m'explique son manque d'appétence pour les chiffres et la dimension administrative. Soit. Dans le partage des tâches à la maison, elle a laissé la gestion du budget à son mari. Pourquoi pas. A la réflexion, elle remarque toutefois que ce n'est pas qu'une histoire de goût, ni d'ailleurs de compétences.
En effet, tandis que le foyer a traversé un passage difficile sur le plan financier, suite à une mauvaise gestion de la part de son mari, elle a repris la main, remis la situation à flot. Après cela, elle s'est retirée, le laissant poursuivre.
Guénaëlle comprend que c'est plus profond. Elle porte en elle, à son insu, une représentation « ce sont les hommes qui gèrent l'argent ». Son modèle parental était d'ailleurs très clair sur le sujet !
Après cette prise de conscience, Guénaëlle ne remet pas en question l'équilibre conjugal. Mais puisque son projet de création d'entreprise lui tient à cœur, elle décide de s'autoriser à gérer l'argent !
Isabelle et la peur de la convoitise
Isabelle m'explique comment elle a toujours vécu avec très peu d'argent. Elle en est fière.
Elle me raconte une longue carrière pendant laquelle elle a réalisé de très belles choses. Mais, si elle a régulièrement trouvé des fonds pour ses projets, elle a pris soin de ne pas trop en gagner pour elle.
Elle est restée salariée de structures aux moyens modestes. Elle a réalisé beaucoup de choses bénévolement. Elle a aussi choisi de ne pas travailler pendant un temps, aussi longtemps qu'elle avait de quoi vivre avec un petit héritage.
A écouter Isabelle, je perçois qu'elle tient très fort à cet art de vivre sans argent. La suite va me confirmer qu'il est bien question de tenir très fort !
Isabelle revient en effet sur son enfance. Après le décès de son grand-père, elle a assisté au spectacle de son père et sa tante s'arrachant un livre ancien.
Elle en parle d'abord avec distance, trouvant ce comportement ridicule. Puis elle se laisse toucher par cette scène : deux adultes, accrochés chacun à un bout de l'objet convoité, comme des enfants rageurs.
Isabelle vient de lâcher sa propre hargne. En fin de séance, elle se sent libre de gagner de l'argent, autant qu'elle en a besoin pour son projet.
Et vous, quelles anecdotes dans votre famille ? Envie d'en parler ?
Ce sera avec plaisir.

