Depuis 6 ans, elle est très occupée, d'autant que sa fille aînée est dyslexique et que cela nécessite beaucoup d'accompagnement, de rendez-vous chez des spécialistes.

A vrai dire, elle est contente de se consacrer à ses enfants. Ce n'était pas prévu mais elle apprécie beaucoup d'être au foyer.

Maintenant que la plus jeune a commencé l'école, elle doit reprendre le travail.

Il y a eu une opportunité cette année, une pharmacie à reprendre juste en dessous de chez elle. Elle avait fait connaître son intérêt mais au fond elle n'avait pas envie. Voilà neuf mois qu'elle luttait intérieurement.

Ça y est, elle vient de se dédire. Elle ne reprendra pas la pharmacie. Ses parents ne comprennent pas, son mari non plus. Tout le monde se réjouissait de cette opportunité.

On me met la pression

Dans sa famille, on est pharmacien de père en fils et en fille. Personne ne comprend son désistement.

Son mari est dans un autre domaine mais c'est un battant. Il n'imagine pas qu'elle reste à la maison. Pour lui, elle fait ce qu'elle veut mais il faut qu'elle travaille.

De son côté, elle a du mal à se détacher de ses enfants. Sa fille aînée a encore beaucoup besoin d'aide. Et puis son mari a pris un nouveau poste sur Sarrebruck. Il n'est jamais là. Comme pourrait-elle tenir une pharmacie et s'occuper de tout le reste ?

Elle a vu l'annonce pour la création d'une école Montessori, une autre pour être adjointe de crèche. Ça l'attire mais elle n'a pas de formation pour ça. Elle est trop diplômée.

Je ne veux pas des idées des autres

J'accueille. Puis je reformule.

Elle se sent poussée à reprendre un métier qui ne fait plus sens pour elle. Elle est attirée par autre chose. En même temps elle n'est pas prête.

C'est OK pour moi de l'accompagner là-dessus et je lui explique comment. Puis je l'invite à prendre le temps de se laisser savoir si elle veut entreprendre ce travail.

Est-ce que c'est elle qui a envie ? Est-ce que c'est maintenant ? Est-ce que c'est avec moi ? Qu'elle se laisse savoir et me rappelle, pour me confirmer son choix et prendre rendez-vous ou simplement me dire non.

Elle est soulagée, contente de cette proposition. Elle repart légère.

Valérie m'appelle trois jours plus tard. Elle a envie de travailler avec moi. Nous prenons date.

Je veux avancer à ma façon

Première séance. Je lui propose de travailler son objectif : pour commencer, qu'est-ce qui est vraiment pénible en ce moment ? Les gens déçus autour de moi, l'incompréhension. Je suis extrêmement mal à l'aise.

Et dans quelque temps, quand vous aurez atteint votre objectif ? Je rebondis. Je me sens fière et motivée ! Super. Progressivement l'image se précise : elle se voit dans un espace qu'elle me décrit. On prend le temps de se mettre dans la situation et les mots viennent.

Elle repart toute chose, émoustillée !

La perspective de l'objectif atteint me donne envie

Deuxième séance. Elle arrive agitée. Elle veut trouver quoi faire. Elle a beaucoup réfléchi, cherché.

Je l'invite à se poser. Elle a du mal. Elle parle beaucoup. Peu à peu elle se calme.

Elle évoque ce qui est important pour elle. Elle se rappelle qu'elle avait envie d'être kiné, de masser. Elle prend conscience qu'elle cogite beaucoup mais qu'au fond d'elle, c'est autre chose qui l'attire Je l'invite à se décentrer de la tête, à écouter ce que lui soufflent son cœur et ses tripes.

Elle repart tranquille.

Reprendre contact avec moi-même

Troisième séance. Elle est empêtrée dans la peur qu'on lui reproche son choix de ne pas reprendre la pharmacie.

Je l'invite à exprimer ce qu'elle voudrait à la place. Me sentir légitime.

Je l'accompagne à découvrir ce qu'elle cherche à se donner de positif quand elle a peur comme ça. Il s'agit de descendre en soi, de retrouver ce qui est vraiment important, ce qui était vraiment important quand cette peur s'est installée en elle. Choisir moi-même !

Elle repart déterminée.

M'autoriser à avancer

Quatrième séance. Elle a vécu de beaux moments inspirants pour son avenir. Un échange avec une cousine pharmacienne devenue institutrice. Et aussi un moment de complicité avec une petite fille. Mais elle sent qu'elle va être empêchée.

Je l'invite à me décrire comment c'est : un mur épais et immense devant moi, à bout de bras. Angoissant, oppressant. Comment ce serait si c'était pire ? Plus haut, plus lourd. Il lui tomberait dessus.

Et si elle essaye l'inverse ? C'est derrière, un énorme sac à dos, lourd mais confortable, plein de poches. Envie de faire un bout de chemin, gaieté, joie.

Constater que j'ai les ressources

Cinquième séance. Elle se rend compte que souvent, elle sait depuis le début mais qu'elle n'ose pas le dire, qu'elle s'enferme et finit par exploser, comme un instinct de survie.

Comment fonctionne son intuition ? Comment sait-elle ? Tête, Cœur ou Tripes ? C'est instinctif, dans ses tripes. Super ! Ensuite il lui faut un peu de temps pour savoir en quoi c'est ça qui est bon pour elle, pour savoir l'expliquer. Oui bien sûr, un peu de temps.

Elle a reconnu son intuition. Elle va pouvoir l'apprivoiser. Elle repart tranquille.

Écouter mon intuition

Sixième séance. Elle est toute excitée d'avoir postulé pour une suppléance en tant qu'institutrice. Elle partage sa joie.

C'est une étape : pour l'instant elle passe à l'action. Elle clarifiera plus tard quel métier elle veut faire et quand elle sera prête. Super. Nouvelle Valérie face à son mari et ses parents : elle s'affirme !

Elle constate qu'elle a déjà atteint son objectif en franchissant cette première étape.

Passer à l'action

Est-ce qu'elle pourra revenir ponctuellement, quand elle aura précisé son projet et besoin d'un coup de pouce pour se lancer ?

Oui bien sûr. A moins qu'elle n'ait plus besoin d'aide, maintenant qu'elle a retrouvé ses ressources !

Et vous ? Quelle suite avez-vous à inventer ?

Paule Terreaux

J'ai envie de prendre ma vie en main.